En 1998, quand éclate ce que les médias appelleront « l'affaire de la MNEF », les dérives de gestion de la MNEF existent depuis plus de 16 ans. C'est Libération qui, dans une enquête parue le 7 avril 1998, met au jour les principales dérives de la mutuelle étudiante. Le train de vie dispendieux des dirigeants est à nouveau dénoncé lors d'une expertise des comptes de la Misec (Mutuelle interprofessionnelle du Sud-Est et de la Corse), sans suivi. Durant presque 20 ans, la direction de la MNEF bénéficie du soutien actif des différents gouvernements qui se succèdent.
Pendant toutes ces années, les dérives de gestion de la MNEF sont innombrables : elles concernent les salaires (100 000 francs par mois) et émoluments d'Olivier Spithakis et d'autres dirigeants, l'embauche prioritaire des militants de l'UNEF-ID (syndicat étudiant proche du parti socialiste) puis intégrés dans le parti socialiste comme Jean-Christophe Cambadélis ou Marc Rozenblat, président de l'UNEF-ID. Le journal Le Point parlera du « binôme MNEF-Unef-ID : un vivier de jeunes loups socialistes ».
Ces dérives comprennent également des « gestes » de complaisance tels 300 000 francs versés à SOS Racisme par « le courtier d'assurances maison, l'Iram ».
La direction crée un ensemble de filiales afin d'« opacifier » sa gestion. Ces structures satellites servent des intérêts politiques et permettent de salarier des personnalités en devenir telles que Delphine Batho, Jean-Marie Le Guen, Manuel Valls, Laurence Rossignol ou Fodé Sylla, l'ex-président de SOS Racisme. Elles permettent de créer des systèmes de fausses factures (par exemple pour la filiale EFIC, spécialisée dans l'imprimerie), des montages financiers sophistiqués (l'un d'entre eux permettant à Marc Rozenblat, grâce à la vente de sa société Iram, d'encaisser 17 millions de francs de plus-value) ou des opérations immobilières suspectes. Ainsi, en 1998, autour de la MNEF gravite un « entrelacs complexe et obscur d'une cinquantaine de sociétés commerciales réalisant un chiffre d'affaires d'environ 2,5 milliards de francs »
Le député socialiste Jean-Marie Le Guen est également mis en examen pour un présumé emploi fictif. Franc-maçon, il a été radié de la loge République en 1996 à la suite de sa mise en examen.
L'affaire met en cause également Dominique Strauss-Kahn qui, avocat d'affaires, avait été rémunéré 600 000 francs TTC par la MNEF, au printemps 1997, alors que se négociait l'entrée de la Compagnie générale des eaux (CGE) au sein d'une holding de la mutuelle, Raspail participations[24]. Alors ministre de l'économie et des finances dans le Gouvernement Lionel Jospin, il est contraint de démissionner de son poste le 2 novembre 1999. Il est accusé d'avoir produit de faux documents, d'avoir « fabriqué » et utilisé des justificatifs antidatés. Il retrouvera son mandat de député du Val-d'Oise et sa place dans les instances du PS en 2002.
Marie-France Lavarini a reconnu n'avoir jamais effectué de véritable mission pour la MNEF et a remboursé l'argent perçu.
"Julien Dray ferré dans l'affaire de la Mnef. Des personnes mises en examen évoquent des transactions en liquide. Et désignent le député PS."
https://www.liberation.fr/societe/1999/11/26/julien-dray-ferre-dans-l-affaire-de-la-mnef-des-personnes-mises-en-examen-evoquent-des-transactions-_288271/
"Après Jean-Marie Le Guen, ancien patron du PS à Paris, Jean-Christophe Cambadélis, ex-numéro deux du parti, a été mis en examen dans une affaire d'emploi fictif. L'Unef-ID et SOS Racisme sont aussi poursuivis comme personnes morales."
"la justice soupçonne plusieurs responsables d'avoir été payés par la Mnef alors qu'ils travaillaient en fait pour leurs organisations.
Claire Robillard, proche de Julien Dray, permanente de SOS Racisme et pourtant payée par une filiale marseillaise."
https://www.leparisien.fr/faits-divers/le-scandale-de-la-mnef-se-resserre-sur-le-ps-09-06-2000-2001428484.php
"ont siégé bénévolement à la MNEF, tels le député (PS) Julien Dray et les ex-rocardiens Manuel Valls, député et ex-porte-parole de M. Jospin à Matignon, Stéphane Fouks, coprésident d'Euro RSCG France, ou Alain Bauer [grand maître du Grand Orient de France de 2000 à 2003]"
David Rousset, Carole Hazé ou Pouria Amirshahi auraient été payés par la galaxie MNEF sans fournir de prestations."
"Reconverti dans le conseil Le dernier cercle de bénéficiaires des largesses de la mutuelle comprend des relations de M. Spithakis : son propre cousin; le patron des renseignements généraux du Var; des enfants d'ami; les fils de son homme de confiance; la femme d'un ami de Sup de co Marseille et l'ex-compagne du député (UDF) Dominique Paillé. Enfin, à mi-chemin entre l'amitié et les affaires, figure un groupe de personnes liées à l'ancien président de la MNEF, Jean-Michel Grosz (1979-1985). Ce dernier aurait perçu, en 1994 et 1998, près de 1,2 million de francs de salaires indus, mais aussi 2 millions de francs de rétrocessions sur des salaires accordés, sans justification, par la MNEF, à son ami d'enfance et à son beau-frère, pour financer son haras dans l'Orne."
https://www.lemonde.fr/societe/article/2006/03/01/les-emplois-fictifs-de-la-mnef-devant-le-tribunal_746260_3224.html
+ Affaire Jean-Louis Voirain, juge au tribunal de Bobigny. Les investigations menées autour de l'affaire de fausses factures du Sentier avaient mis au jour un circuit qui passait par une vingtaine de banques israéliennes et françaises (la Société générale, la Bred, la Poste, BNP-Paribas, Barclays, la filiale française d'American Express).
Déjà cité pour le même genre de faits dans le dossier du scandale de la MNEF, Jean-Louis Voirain n'avait jamais fait l'objet de poursuites.
https://www.leparisien.fr/faits-divers/le-magistrat-de-bobigny-incarcere-12-02-2003-2003813252.ph
"Au sein de la Mnef, 13 administrateurs, étudiants ou non, épisodiquement présents pour certains, bénéficient d'un peu plus d'1 million de francs d'indemnités. Dans les structures délocalisées, le régime est identique. Et, à Marseille, il a suscité l'étonnement de la Ddass."
"Le 12 décembre 1997, trois administrateurs se sont vu allouer 60 000 francs d'indemnités. La première indemnité bénéficie au directeur du développement de la Mnef, Michel Proust, ainsi, encore, qu'à Spithakis. Ce dernier, qui ne paie pas de loyer à Paris, puisqu'il est logé par la Mnef, et dispose de voitures de fonction (dites de service) et de chauffeurs, a, il est vrai, de fréquentes occupations à Marseille.
La dette due à Unimutualité se soldera par une ardoise impayée de 6,4 millions de francs. Toujours déficitaire, la Misec parvient pourtant, durant cette période, à honorer des notes de restaurant de 1 200 francs à 1 300 francs pour deux personnes, à payer des notes d'essence de milliers de francs. Et à aider quelques amis: elle «sponsorisera» pour quelque 250 000 francs le club de football d'Istres, à la demande de François Bernardini, président du conseil général des Bouches-du-Rhône, qui en est administrateur. Parmi les autres fantaisies relevées, des locations de bateaux, avec «hôtesses, vin et fruits à volonté» pour 25 000 F par jour, auprès d'une société installée en Corse, Derya Tours, contrôlée par l'un des hommes les plus impliqués dans les filiales de la Mnef, Wilson Bihi Zenou, autre proche de Spithakis."
https://www.liberation.fr/societe/1998/04/07/l-obscure-gestion-a-tiroirs-de-la-mnef-la-mutuelle-nationale-des-etudiants-de-france-est-l-objet-de-_235057/
"En juin 2006, dans le volet de l'affaire concernant les emplois fictifs de la mutuelle, il est condamné à deux ans avec sursis et 50 000 euros d'amende. Le procureur avait, dans son réquisitoire, dénoncé les pratiques « d'un clan et d'une tribu chargés de distribuer les prébendes ».
En mars 2006, devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris, soupçonné d'une éventuelle destruction de preuves au siège de la MNEF en 1998 attestée par les témoignages de plusieurs anciens salariés, Olivier Spithakis a fait une déclaration surprenante, affirmant avoir procédé à la destruction de « documents sensibles sur des jeunes susceptibles de troubler l'ordre public » portant sur des étudiants, documents élaborés « dans le cadre d'une collaboration avec le ministère de l'Intérieur » qui étaient à la recherche de terroristes islamistes."
En février 2017, le nom d'Olivier Spithakis est cité dans le cadre d'une enquête de journalistes sur une tentative de trafic d'influence avec le Qatar qu'aurait orchestré Jean-Marie Le Guen, alors secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Olivier_Spithakis