Le Handicap : réalité niée, cause de ségrégation et d'exclusion, exploitation médicale et financière, usurpation d'agrément, opacité de traitement..
Dans quel ordre exposer le problème ?
Le handicap de motricité, celui auquel tout le monde pense lorsqu'on évoque le handicap, cache une grande diversité et un énorme problème de ségrégation dans tous les domaines de la vie.
Le Handicap de motricité n'est pas forcément matérialisé par un fauteuil roulant ; les PMR comme on les appelle, les Personnes à Mobilité Réduite peuvent se déplacer sur leurs pieds mais être gênés par une malformation physique, une douleur mal placée, une séquelle d'accident, une fatigue intense.. qui ne sont pas forcément diagnostiquées ni reconnues médicalement, d'autant que certaines sont passagères : une sciatique peut vous immobiliser ou vous entraver durablement sans être définitive.
Peu de solutions sont proposées à ces personnes, l'aménagement urbain tient rarement compte de ces difficultés de déplacement.
Déjà, dans de nombreuses villes, les déplacements sont compliqués par l'absence de trottoirs, l'étroitesse des trottoirs, les trottoirs de travers façon super 8, ou l'encombrement des trottoirs : poubelles, escalier de commerce qui déborde de la façade et réduit d'autant l'espace de circulation, panneaux indicateurs, mobilier urbain, manque de sécurité lorsque les trottoirs sont partagés avec des 2 roues type vélo ou trotinette..
L'inaccessibilité des transports en commun : les bus grand public sont rarement adaptés à la mixité de motricité. Certains bus ont une plate-forme métallique qui sort quand le chauffeur appuie sur un bouton s'il constate qu'une personne en fauteuil roulant est en attente à l'arrêt du bus ou si quelqu'un en fait la demande, cela prend quelques minutes. Certains sont récalcitrants, n'activent la plate-forme que pour les fauteuils roulants, s'arrêtent devant un arbre ou une cloison d'abri-bus empêchant tout accès à cette plate-forme, à la montée comme à la descente. Certains bus sont équipés de barres verticales en plein milieu du passage, d'escalier à l'avant ou de portes trop étroites sans oublier les trottoirs qui ne sont pas à la bonne hauteur pour faciliter l'accès des fauteuils ou des PMR.
Le train est lui aussi inaccessible dans la majorité des cas. L'accès aux voitures de passagers n'est pas conçu pour l'accès en fauteuil et le passage entre les rangées de sièges est beaucoup trop étroit pour permettre la circulation des fauteuils.
Le métro connaît les mêmes entraves auxquelles il faut ajouter l'inaccessibilité des quais d'embarquement : les couloirs en sous-sol ne sont accessibles que par escalier, parfois des escaliers roulants.
Les "portails" d'accès sont très étroits : il s'agit de moulinets entre deux bornes, parfois il y a des portes automatiques entre 2 bornes pour les personnes munies de bagages encombrants ou de poussettes qui se referment dans la seconde, donc pas adaptées non plus aux PMR ou fauteuils.
Quant à l'avion, il s'agit également d'accès par escalier, d'allées trop étroites pour circuler si... une bonne âme se chargeait de monter la personne jusque dans l'habitacle.
Les voitures.. ne sont pas particulièrement adaptées aux personnes handicapées ou à mobilité réduite : le conducteur doit chercher un moment avant de trouver une voiture avec commandes au volant, boite automatique ou siège adapté. Et.. comment ranger son fauteuil roulant après installation sur le siège du véhicule lorsqu'on est seul ?
Le vélo des écolos, ben.. Il faut pouvoir utiliser ses jambes ! Les petits véhicules motorisés ne sont pas autorisés le plus souvent, notamment dans les commerces ni sur les trottoirs.
L'accessibilité aux lieux : lieux publics, lieux privés, lieux de culte, installations sportives, établissements scolaires, lieux de formation, entreprises et administrations.
Exemple : Mairie de Limoges : la salle des mariages accessible uniquement par escalier. Il y a bien des ascenseurs mais dans les coulisses, les couloirs qui mènent aux services municipaux. La médiathèque : les portails d'entrée trop étroits, des passerelles trop étroites, certaines salles cumulent étroitesse et escaliers, sa salle de conférence dont la tribune n'est accessible que par escalier.
Conseil Régional du Limousin, à Limoges : l'entrée principale donne accès aux divets bureaux et salles de réunion par escalier ; de lourdes portes pour accéder aux couloirs de bureaux des différents services ; un ascenseur derrière l'une de ces lourdes portes.. Ou entrée par la porte de service qui donne accès direct à l'ascenseur. La salle d'assemblée ? Un petit amphithéâtre.
Le Rectorat à Limoges : 2 séries de marches depuis l'entrée de l'enceinte. Un ascenseur pour monter au palier piéton qui donne accès à une porte latérale d'accès à l'intérieur du bâtiment - il faut demander à la personne dans la cabine à l'entrée des véhicules pour accéder à cet ascenseur car il faut être accompagné d'un pompier sollicité par cette personne- ; le pompier vous accompagne jusqu'à votre bureau de destination. Porte d'accès latéral de service étroite, couloirs étroits, escaliers dans les couloirs, pas de dégagement devant les ascenseurs pour manoeuvrer.
Établissements scolaires : les établissements anciens ne sont généralement pas équipés d'ascenseurs, certains abritent des Greta. La plupart de ces établissements sont enregistrés comme accessibles aux handicapés dans les bases de données du centre d'orientation et autres diffuseurs de coordonnées d'établissements d'enseignement et de formation.
Greta, organisme de formation professionnelle pour adulte : le bureau d'information de celui-ci se reouve au 2ème étage sans ascenseur du lycée technique Turgot à Limoges.
Le Greta Marcel Pagnol hébergé par le lycée Marcel Pagnol : le bureau d'information du Greta se trouve au 1er étage, un ascenseur dans le hall d'accueil nécessite d'être débloqué par un pompier dont il faut demander l'accompagnement.. au bureau du 1er étage.
ex local du prestataire d'accompagnement des demandeurs d'emploi Aksys : bureau au 1er étage d'une maison ancienne (maison blanche) accessible par un escalier étroit et raide en bois affichant fièrement "agréé handicap" !!!
Pour les handicapés visuels, les difficultés sont les mêmes auxquelles il faut ajouter la difficulté à lire les panneaux de signalisation dans le paysage urbain comme à l'intérieur des bâtiments. Des feux de signalisation équipés de haut-parleurs aident les piétons à traverser la rue au moment opportun mais ils sont rares. Des bus équipés de haut-parleurs annonçant le numéro de la ligne, ses stations de départ et de destination, l'arrêt à venir, l'ouverture et la fermeture des portes facilitent les déplacements autonomes des handicapés visuels mais ils sont rares également, surtout en dehors des grandes villes.
La traduction des boutons d'ascenseurs, des documentations touristiques, plans, livres, claviers en braille n'est pas suffisamment développée pour permettre une réelle autonomie. Les chiens guides fournis à certains handicapés visuels sont parfois refusés à l'entrée de bâtiments, services.
Certaines administrations doivent recruter une personne compétente pour gérer les différents aspects du handicap dans leur activité, il s'agit du "référent handicap"
Dans ce livre "Histoire secrète du patronnat", un chapitre est consacré aux organismes qui financent les prestations concernant le handicap. L'auteur explique l'utilisation des fonds pour subventionner des emplois chez les syndicats, en l'occurrence le MEDEF, pour des profils partisans et non des demandeurs d'emploi handicapés ou compétents dans ce domaine.
Loi du 11 février 2005 : Définition du handicap
La loi du 11 février 2005 affirme le principe de non-discrimination et donne la priorité au travail en milieu ordinaire. Elle définit le handicap comme étant : « Toute limitation d'activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant. »
La loi du 10 juillet 1987, complété de la loi du 11 février 2005, impose à toute entité d’au minimum 20 salariés, d’embaucher 6% de salariés reconnus handicapés dans son effectif global. On parle d’obligation d’emploi de travailleurs handicapés. (Articles L5212-2 du Code du Travail).
Les établissements de 20 salariés et plus doivent ainsi remplir une Déclaration annuelle Obligatoire d’Emploi des Travailleurs Handicapés (DOETH) à retourner avant le 15 février à la direction Départementale du Travail, de L’Emploi et de la Formation Professionnelle (DDTEFP).
Si elles ne respectent pas leur obligation d’employer des personnes handicapées, à raison de 6 % de leur effectif, elles doivent verser une contribution à l’Agefiph-fiphp.
Des aides financières existent pour aménager l'accessibilité d'un espace professionnel ou d'un poste de travail. A quoi et à qui profitent ces fonds dans la mesure où de nombreux organismes et entreprises préfèrent payer une amende plutôt que d'embaucher du personnel handicapé ?
La solution adoptée par certains employeurs est de constituer une entreprise "adaptée handicap", le plus souvent à destination des "handicapés mentaux" : le choix se porte sur des personnes non diplômées ni qualifiées, formées en interne au travail demandé. L'avantage est double : des salaires minimum et des subventions attribuées pour l'emploi de personnels handicapés.
Le langage de ces employeurs est que ces personnes ne peuvent pas travailler "dans des conditions normales" en raison de leur handicap.
Certains rares employeurs offrent des conditions meilleures pourtant, de meilleures payes, de meilleurs avantages sociaux et une reconnaissance des compétences par des qualifications, des emplois pérennes, des facilités de logement..
Car, j'y reviens, les handicapés ont d'énormes difficultés à accéder au logement, surtout si leur handicap est de la catégorie "mental" ; d'énormes difficultés à accéder à une autonomie totale. Des structures soutiennent cette autonomisation mais elles sont encore rares.
Le handicap mental. Vaste sujet.
Certains enfants naissent (?) ou développent dès leur petite enfance.
Disons que les enfants autrefois considérés comme agités sont aujourd'hui accusés de troubles mentaux ; les enfants autrefois calmes et solitaires sont aujourd'hui accusés de troubles mentaux ; les enfants qui autrefois étaient handicapés physiques sont aujourd'hui accusés de troubles mentaux ; tout ce qui n'est pas parfait est aujourd’hui accusé de trouble mental. Ça a de lourdes conséquences.
J'ai appris récemment auprès d'un contact de la fcpe que des enfants agités, diagnostiqués "trouble de l'attention" doivent subir une thérapie avec prescription de calmants. Cela m'a choquée. A l'époque de mes parents et grands parents, ils avaient des méthodes, sans user de violences physiques, qui permettaient à ces enfants de suivre une scolarité normale sans être drogués par les toubibs en tous genres. Et quoi ? Personne ne s'oppose à ces méthodes barbares ?
J'ai rencontré une institutrice qui travaillait en IME = école pour enfants étiquettés malades mentaux ; j'ai lu son mémoire de "stage", j'y ai découvert que les enfants scolarisés dans ces établissements étaient majoritairement des enfants ayant subi des maltraitances familiales. Ce sont des victimes confinées dans le silence absolu, des enfants terrorisées prises en étau entre leur famille et le système qui les exploite et les enferme à double tour dans la situation.
J'ai connu un bénéficiaire d'un foyer pour handicapé qui a participé aux activités que je codirigeais à Limoges. Il avait participé activement à la vente de livres sur notre stand de la fête du livre municipale : il observait le client qui s'approchait, lui proposait un livre de notre stand supposé lui plaire en le décrivant et ça fonctionnait très bien, les clients sollicités étaient effectivement intéressés par l'objet proposé ; il faisait payer le client en cjèque ou espèces, rendait la monnaie, inscrivait les détails de la vente sur le papier approprié, sans aucune erreur, de façon lisible et claire.. Je l'ai félicité pour son efficacité, sa courtoisie, sa fiabilité. Il était tellement content qu'il a raconté son exploit aux éducateurs du foyer qui l'hébergeait, ils n'ont pas voulu le croire et l'ont traité de menteur, l'ont puni pendant plusieurs semaines le privant de sorties et de contacts. Finalement, l'affaire est remontée suffisamment haut dans la hiérarchie pour que l'équipe d'encadrement soit changée, remplacée par une équipe plus ouverte d'esprit et plus respectueuse. La famille, plus précisément la soeur tyrannique, quant à elle, m'a téléphoné pour me dire à quel point elle était furieuse que l'on ai permis à cet enfant devenu adulte de s'épanouir enfin et d'exprimer quelques talents valorisables ; elle a exprimé tout son mépris à son égard, m'a menacée, je l'ai remise en place.
Le nouvel éducateur de la structure est venu nous féliciter et nous remercier d'avoir réussi à faire changer les choses.
Certains gourous de l'éducation forment les personnels d'encadrement à l'hypnose, ils suggèrent de traiter les difficultés comportementales par l'hypnose.. Cela pose un certain nombre de problèmes consécutifs à une mise sous dépendance psychologique et une suggestibilité toxiques.