11 juillet 2025

De l'employeur voyou au harcèlement social : récit d'une expérience

En 1992, je cherchais un emploi dans le secrétariat.
Au rez-de-chaussée de l'immeuble Maison des Associations exerçait une femme écrivain public qui recueillait les offres des associations de l'immeuble et proposait aux visiteurs de son local, véritable centre de documentation, la mise en contact dans le cas où ces visiteurs étaient intéressés. Je lui ai donc dit que je cherchais un emploi de secrétaire et cette femme m'a proposé une offre qu'elle avait en stock émanant d'une association nommée ATOS.

Rendez-vous pris, le Président Edmond Gaudy m'explique que son association est une sorte d'agence d'intérim pour fournir des emplois temporaires à des personnes en situation de chõmage IIhabitant ce quartier nord appelé Beaubreuil, particulièrement touché.
Ce quartier abrite des populations principalement d'origine étrangère : Maghreb, Turquie, Madagascar, pays de l'Est, Asie..

Moi, à ce moment là, je co-dirige l'association Sos Racisme du département qui a son siège et reçoit les demandeurs d'aide juridique dans ce même immeuble.

L'affaire est faite.

Je découvre alors que les emplois proposés sont hyper-précaires, payés au strict minimum et ce n'est pas tout.

Le siège social de cette association est à la campagne, à Pierre-Buffière, ainsi que toute la gestion administrative et financière.
Leur clientèle d'employeur est constitué d'agriculteurs et particuliers français qui recherchent ponctuellement du personnel exclusivement français, du moins c'est ce que les secrétaires du siège me laissent entendre.
Alors lorsque je "case" des habitants du quartier d'origine étrangère, elles me font des remarques déplacées et désagréables, du genre "Ah tu les aimes les mamadou, toi"

J'ai pour collègues 2 personnes : un homme chargé de faire signer les contrats de travail aux employeurs auprès desquels nous avons "casé" des demandeurs d'emploi, membre de l'association, et une jeune femme, Muriel, originaire de Saint Junien.

Je remarque dans un premier temps que ma collègue proposait presque toujours les emplois du jour à des personnes qui ne sollicitaient pas ce type d'emploi ce qui avait pour conséquence que les candidats envoyés ne restaient pas chez l'employeur ou ne se représentaient pas le lendemain et chaque fois, ma collègue disait "ah les arabes, tous des fainéants".

Quand je prenais les offres au téléphone, je demandais des précisions et je proposais l'offre à des candidats inscrits auprès de nous pour ce type d'emploi et ça "matchait" à tous les coups, l'employeur était satisfait et le gars aussi qui pouvait voir son contrat renouvelé ou prolongé.

Je m'en prenais plein la tête de la part de mes collègues mais ça n'avait aucune importance.

Puis mon patron, le Président est venu plus souvent au local pour me faire des remontrances.
Il m'a traitée d'irresponsable parce que j'avais propisé un emploi à deux personnes en situation de précarité, l'un d'eux vivait dans une caravane au camping municipal d'Uzurat. L'employeur était satisfait et les deux salariés aussi.

Le patron a organisé une réunion de son conseil d'administration à laquelle nous étions invités tous les 3 pour s'occuper de mon cas, il a tenté de manipuler ses administrateurs pour qu'ils décident de me licencier. Ça n'a pas marché.

Mon contrat était un CDD d'un an financé par l'État, il devait prendre fin le 31 mars 1993.
Avant Noël, le Président vient alors que je suis seule dans le local et me dit que mon contrat est terminé, que je suis "en vacances" jusqu'à la fin de mon contrat, de lui rendre les clefs sur le champ et de ne pas revenir au local.
Je lui rends les clefs en songeant qu'il risque de le regretter car mes collègues arrivent toujours en fin de matinée, vers 10 - 11h alors que les appels d'employeurs se situent plutôt entre 9h et 9h30 au plus tard.

Je vais voir d'ex collègues de travail qui représentaient des syndicats, l'un d'eux me dit d'aller voir le juriste de la CGT à la Maison du Peuple ; puisque je viens de la part de son collègue, il accepte de m'informer, car me dit-il, ils ne défendent pas les précaires (les salariés non titulaires) ; il me dit donc qu'il faut porter l'affaire devant les Prud'hommes et que je dois y être accompagnée d'un avocat.
Je n'ai pas les moyens d'embaucher un avocat, surtout qu'à l'époque, l'aide financière pour payer un avocat n'existe pas... Et que Mr le Président Edmond Gaudy oublie de me payer mon mois de décembre..
Je consulte alors l'avocate de mon association qui accepte de me défendre et me fait accompagner au tribunal des Prud'hommes par sa collaboratrice Me Frédérique Aveline.
Edmond Haudy accompagné de son avocat demande plusieurs milliers de francs de dommages et intérêts pour préjudice moral, sidérant les magistrats.
Je demande à réintégrer mon poste, à être payée normalement jusqu'à la fin de mon contrat et à obtenir les documents de fin de contrat, le moment venu, qui servent de justificatif notamment pour l'indemnisation assedic... Ce que j'obtiens puisque ce n'est que l'application de la loi.

Je reviens donc au bureau et là, mon patron a pris du renfort en la personne du Vice-président de l'association chargé de la direction de l'antenne de Beaubreuil et m'insulte copieusement, me traite de salope, parce qu'entre camarades ça ne se fait pas de se mettre aux Prud'hommes me dit-il, et qu'il va se venger, m'empêcher de trouver du travail, parce qu'il est socialiste et franc-maçon, qu'il a le bras long, etc.
Il ne m'a pas réintégrée à mon poste, il m'a "mise au placard" dans le bureau du local, sans accès au téléphone. Il m'a donné de la paperasse à faire : faire des statistiques sur les inscrits auprès de l'antenne de Beaubreuil.

L'association ATOS avait fusionné façon OPA avec l'association identique qui occupait le même local auparavant. Edmond Gaudy avait donc récupéré les archives de cette association, ses listes d'employeurs clients et ses listes d'inscrits.
Sans vouloir tirer de conclusions hâtives, l'état des listes d'inscrits montrait que les personnels de cette ex-association étaient plutôt mal à l'aise avec les noms et prénoms d'origine étrangère. Le fichier acquis était censé représenter 3000 noms, il en comportait environ le tiers de réels : la quasi totalité des noms étaient "écorchés", les adresses pourtant confinées au quartier de Beaubreuil étaient erronées dans leur orthographe, les mêmes personnes appataissaient de façon différente entre 3 et 6 fois.. Les listes étaient faites sur ordinateur, imprimées sur les imprimantes du bureau du Développement Social du quartier dont le directeur était le Secrétaire général de mon association les premières années de l'association.

Devant l'immeuble, j'avais était abordée par une jeune femme brune et mince qui m'avait dit qu'elle cherchait à voir le Président Edmond Gaudy parce qu'elle cherchait à obtenir ses payes et papiers de fin de contrat depuis de nombreux mois en vain, elle ne pouvait pas percevoir ses allocations assedic de fin de contrat ni une quelconque aide sociale sans ces justificatifs.

J'ai fini mon contrat et suis passée à autre chose.

A mon retour de région parisienne, je découvre que l'association ATOS a pris de l'ampleur, phagocytant des associations d'insertion et autres.
les partenaires d'ATOS : la ville de Limoges, la DIRECCTE, l'IREPS, le conseil général et Pôle emploi / France Travail.


Chef d’entreprise/Responsable : Jean-Marie GRIGNON, Catherine JARRY
https://www.association-atos.fr

https://apanord.fr/nos-entreprises/atos/

Ajis 87 (atos jacquaires insertion services)
Entreprises d'insertion, régies de quartier dans la ville de Limoges. thèmes : objet social, bricolage, carrelage, économie sociale, insertion sociale, maçonnerie, peinture, professionnel, Realisation
 7 Rue Cugnot 87280 Limoges 87280 Limoges
https://www.gralon.net/mairies-france/haute-vienne/association-ajis-87-atos-jacquaires-insertion-services-limoges_W872014852.html