Les subventions pleuvent pour les européens qui souhaitent s'installer en Ukraine : de vastes propriétés, détenues par des français, des hollandais qui emploient les ukrainiens comme ouvriers agricoles et récupèrent les stocks de pesticides interdits en Europe.
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#Ukraine : " le message du patron de la 8e agroholding du pays est davantage le suivant : « Nous ne voyons pas l'Europe comme un concurrent. Nos concurrents sont l'Argentine, le Brésil, les États-Unis et un peu la Russie. »"
"Les trois-quarts du pays sont des terres agricoles. Une bonne partie de ces cultures se vendront en Europe, d'abord pour nourrir les bêtes, ensuite les hommes."
"Le traité, qui doit être renforcé ce lundi 8 juillet lors d'un sommet UE-Ukraine à Kiev, puis le conflit, ont eu pour conséquence une augmentation des échanges commerciaux avec l'UE, aux dépens du voisin russe. « La Russie, on oublie », glisse Nikolay Kaplun, un dirigeant d'une entreprise de plus de 10 000 ha."
"Primordial et concernant directement le secteur agroalimentaire, le volet commercial de cet accord s'applique depuis janvier 2016. À la faveur de l'abaissement des droits de douanes, les exportations de produits agroalimentaires d'Ukraine vers l'Europe ont bondi de 32% en 2017 et déjà de 25% sur les quatre premiers mois de 2019."
"L'Ukraine concurrence directement son « partenaire » à l'intérieur même de sa zone économique."
"Nicolas Jaquet est le président de la Coordination rurale, un syndicat agricole national très mobilisé contre les importations de céréales ukrainiennes comme il l’a montré lors d'une action à Dunkerque en janvier dernier."
"Un Ukrainien sur cinq est employé dans l'agriculture."
"La Chambre de commerce et d'industrie franco-ukrainienne recense 125 entreprises françaises, dont deux tiers dans l'agrobusiness : deux agroholdings et des grands noms de l'industrie agroalimentaire (Limagrain, Maïsadour, Soufflet, Lactalis, Danone...)."
"Serguey Feofilov, directeur du cabinet d'analyses UkrAgroConsult : pour lui non plus, ce ne serait pas une bonne idée. « Les exportateurs européens en souffriraient : l’Ukraine ferait moins de profit, aurait moins de devises pour acheter des pesticides par exemple. » "
"Nikolay Kaplun est un homme accompli et le montre. À Volodarka, au nord de Kiev, il dirige la principale entreprise de la région administrative. (...) C'est là, en l'attendant, que nous l'apercevons en compagnie un trio de dirigeants de Bayer CropScience (Monsanto), leader mondial des pesticides et engrais chimiques. À en voir les accolades et les sourires, la réunion s'est visiblement très bien passée et bien arrosée."
"Fin 2017, dans une interview au site spécialisé ukrainien latifundist.com, le représentant de Bayer-Monsanto en Ukraine, le Belge Yves Picquet, indiquait que l'Ukraine figurait parmi les cinq premiers pays clients de la compagnie en Europe."
"Le coût de ces produits apparaît comme une problématique centrale quand les hectares à cultiver se comptent par milliers. Ce n'est pas la politique agricole, balbutiante, qui aide les producteurs à s'en fournir. Le marché noir prend alors la relève. L'importation de ces produits, souvent de Chine, est très peu contrôlée. « Il y a environ 15 à 20% de PPP [produits phytopharmaceutiques, ndlr] contrefaits en Ukraine, même s'il est impossible d'être plus précis », indiquait encore Yves Picquet. « On importe une quantité massive de produits chimiques de Chine dont on ne connait pas la substance. On devrait contrôler leur qualité », reconnaît Alex Lissitsa. « Il n'y a ni règles strictes, ni rapport sur l'utilisation de ces produits. Il y a encore beaucoup de progrès à faire », complète un fonctionnaire français."
"Dans ce champ de maïs en bordure de l'axe routier qui relie Kiev à Tchernigiv, la pulvérisatrice d'IMK, huitième agroholding d'Ukraine, se met en branle. De petits jets sortent de ses longues ramifications qui caressent les jeunes pousses. Du MaïsTer, un pesticide de la gamme Bayer. « Nous pulvérisons à quatre reprises pour le maïs : du MaïsTer au début, puis du Prime Extra de Syngenta, pour la terre et du Belt, contre les papillons. Au total, 5 litres par ha toutes opérations culmulées », détaille le chef agronome Anatoiy Krasnojon."
"La France exportait en 2017 pour près de 117 millions d'euros de pesticides en Ukraine, parmi lesquel de l'atrazine, un herbicide interdit depuis 2003 dans l'UE. « On veut une agriculture écologique et vertueuse, mais on ne fait rien pour se protéger des produits importés qui ne respectent aucune norme »,pestait fin 2018 Christophe Hillairet, exploitant en grandes cultures et président de la Chambre d’agriculture d’Île-de-France."
" sur le site du Conseil agricole ukrainien, une fédération d'agrobusinessmen, celui-ci s'inquiète de ce que « le Conseil des ministres a inscrit un projet de résolution "sur l'interdiction d'importation et d'utilisation de certains dangereux pesticides en Ukraine" ». Parmi ces produits, le glyphosate ou encore l'atrasine. « Le chef du Conseil agricole, Andriy Dykun, demande au Premier ministre de reconsidérer un tel projet, car l'interdiction de ces pesticides conduirait à un milliard de pertes dans le secteur agricole », conclut l'organisation." "Si projet il y a eu, il est resté dans de sombres tuyaux car peu des acteurs interrogés en ont entendu parler. Il est en tout cas mort-né en cette période de renouvellement parlementaire. Mais le ton alarmiste du texte en dit long sur les enjeux".
RFI.ft
https://www.rfi.fr/fr/europe/20190708-ukraine-agriculture-ble-cereales-union-europeenne-accord-libre-echange